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Ces nouvelles phobies dont on ne parle (toujours) pas assez

Par Sarah Hellec | Publié le 15/07/2025

À l’heure des réseaux sociaux, des smartphones omniprésents et de l’hyperconnexion, certaines peurs discrètes prennent de plus en plus de place dans nos vies. Zoom sur ces phobies modernes, parfois méconnues mais bien réelles.

Quand le monde moderne génère de l’anxiété

La peur du vide, des araignées ou de l’avion, on connaît. Mais aujourd’hui, une nouvelle génération de phobies émerge dans notre quotidien hyperconnecté, saturé d’images et de normes sociales. Des troubles discrets, parfois silencieux, qui traduisent pourtant un profond malaise face à la pression du regard ou du lien numérique permanent.

Blemmophobie : l’angoisse d’être vue

Imaginez traverser la rue en pensant que tout le monde vous regarde, vous juge, vous épie. La blemmophobie, c’est cette peur irrationnelle d’être observée, en particulier pour son apparence. Le simple fait de s’habiller, de prendre la parole, ou de marcher dans un lieu public peut devenir une véritable épreuve. Bien que peu médiatisé, ce trouble touche de nombreuses personnes, et notamment les adolescentes et les jeunes adultes, soumis à une pression constante. Entre les réseaux sociaux et les diktats qui valorisent l’image parfaite de la femme, la moindre sortie peut devenir source d’angoisse.

FOMO : phobies de passer à côté de quelque chose

La FOMO (Fear Of Missing Out), c’est cette impression désagréable que tout se passe sans nous. Cette phobie a explosée avec les réseaux sociaux, qui font défiler en continu des images de vies rêvées, de voyages, de réussites. À force de remplir notre cerveau de ces illusions idylliques, on finit par avoir l’impression de passer à côté de sa propre vie, n’importe quand, et n’importe où. Cette peur de manquer n’est pas nouvelle, mais elle a été décuplée par la comparaison permanente avec les autres. Résultat : une anxiété continue, de la frustration permanente, et parfois un mal-être qui finit par nous isoler.

Nomophobie : quand le smartphone devient vital

La nomophobie — contraction de « no mobile phone phobia » — désigne la peur excessive d’être séparé·e de son téléphone. On la reconnaît à des comportements compulsifs : vérifier sans cesse ses notifications, ne jamais s’éloigner de son téléphone, ressentir un vide ou une agitation dès qu’on est déconnectée. Cette phobie moderne est liée à un besoin de contact, de validation sociale, mais elle reflète aussi une dépendance émotionnelle aux autres, accentuée par cette hyperconnexion subie au quotidien.

Scopophobie numérique : la peur d’être observée ou filmée

On parlait déjà de la scopophobie classique (peur d’être regardée). Sa version numérique est encore plus complexe ! Il s’agit de la peur constante d’être filmée à son insu, prise en photo ou même diffusée sur les réseaux sans consentement. Désormais, tout peut être filmé, partagé, moqué. Ainsi, le sentiment d’être exposée en permanence grandit. Certaines personnes évitent les lieux publics, les rassemblements, ou même les transports… Ceci par peur de finir sur une photo ou une vidéo virale.

Phobies sociales : le mal du siècle ?

L’anxiété sociale, ou phobie sociale, reste l’un des troubles les plus répandus. Elle touche environ 10 % de la population à divers degrés. Il ne s’agit pas juste de timidité, mais d’une peur intense et paralysante d’être jugée ou rejetée en société. Elle prend place lors de réunions, d’appels téléphoniques, de prises de parole, ou même de discussions informelles. Tout devient un défi angoissant. Le confinement et la digitalisation des échanges n’ont fait qu’accentuer cette peur constante. Là où il faut être visible et parfait, où l’on soufre de FOMO non-stop, cette phobie ne cesse de s’intensifier.

Ce qu’on peut retenir de ces phobies modernes

Ces nouvelles peurs sont souvent banalisées, voire invisibles, car elles s’installent dans des habitudes du quotidien. Et surtout, on n’en parle pas assez, puisqu’elles sont peu répandues ou expliquées. Elles traduisent pourtant une même réalité : l’hyperconnexion et l’hypervisibilité peuvent fragiliser notre rapport à nous-même et aux autres. En parler, les nommer, c’est déjà faire un pas pour réussir à ralentir, déconnecter, et enfin s’en libérer