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Bien-êtreSanté Mentale

Comment notre intérieur influence notre santé mentale ? 

Par Sarah Hellec | Publié le 05/08/2025

On croit souvent que refaire son intérieur, c’est juste une histoire de déco ou de style Pinterest. Et si cela allait beaucoup plus loin ? Et si on vous disait que notre intérieur influence notre santé mentale ? L’architecture d’intérieur ne se contente pas de plaire à l’œil : elle a un véritable impact sur notre bien-être psychologique. Et dans un monde où l’on passe 80 % de notre temps à l’intérieur, autant dire que l’enjeu est immense.

Notre maison, miroir de notre esprit

Dès 1957, Gaston Bachelard écrivait que l’intérieur d’une maison reflète notre monde intérieur. Notre appartement n’est pas neutre : il raconte nos émotions, nos rêves, nos angoisses. Il peut nous apaiser ou nous oppresser, selon son agencement, ses couleurs, ses textures. Un bon espace intérieur peut réellement nous faire du bien.

Le pouvoir des matières et des couleurs

Le bois apaise. La pierre rassure. Le bleu calme. Le rouge stimule. Tadao Ando ou Charlotte Perriand n’utilisent pas les couleurs ou les matériaux par hasard. Leurs choix sensoriels créent un cadre mental favorable, où l’on respire mieux, où l’on se recentre. Même la lumière peut agir comme un antidépresseur naturel ou simplement permettre de réduire le stress au quotidien.

Un lieu, une émotion

Plus qu’un plan, un intérieur est une expérience émotionnelle. India Mahdavi le traduit par la douceur de ses textiles. Claude Parent par ses pentes et déséquilibres qui forcent le corps à bouger autrement. Marion Mailaender, elle, joue avec l’humour et la surprise pour casser les automatismes du quotidien. Et ça marche : un espace qui nous stimule ou nous enveloppe peut réellement nous faire du bien.

Ce que dit la science : neuroarchitecture et bien-être

La neuroarchitecture montre aujourd’hui que certains lieux réduisent le stress, améliorent la concentration, ou apaisent le système nerveux. Il est donc possible que notre intérieur influence notre santé mentale et notre bien-être psychologique. Alvar Aalto ou la Cité universitaire de Paris ont pensé leurs bâtiments en ce sens. Même Le Corbusier, avec sa Maison Dom-Ino, favorisait une architecture appropriable, donc rassurante.

Ce qui fonctionne pour moi ne fonctionne pas forcément pour toi

Mais attention : il n’y a pas de recette magique. Un intérieur ultra-minimaliste peut faire du bien à certains… et angoisser les autres. Jacques Tati l’a montré avec humour dans Mon Oncle, tout comme Jean-Pierre Raynaud avec sa maison clinique toute blanche : un lieu peut être très “design”… et pourtant très inconfortable pour l’âme.

Nos émotions, nos racines, nos souvenirs

Notre rapport à l’espace est aussi culturel et affectif. Une couleur peut évoquer un souvenir d’enfance, une matière peut nous rappeler un endroit aimé. L’architecte mexicain Luis Barragán travaillait à réveiller ces émotions. Et Bachelard, encore lui, voyait chaque coin de maison comme un refuge de l’âme, un espace à rêver. Pour qu’un lieu nous fasse du bien, il faut qu’il nous ressemble. 

L’architecture intérieure peut réellement soutenir notre équilibre psychologique. Mais pour cela, elle doit tenir compte de notre histoire, de nos émotions, de notre culture. Il n’y a pas d’espace idéal universel. Il y a des espaces sensibles, vivants, qui doivent s’adapter à chaque individu.

Merci à Clara Redon pour sa participation à la rédaction.