Posez la question à vos amis : “Quels sont vos fantasmes ?” Vous entendrez sûrement des réponses hésitantes, des rires gênés, ou un “je n’en ai pas vraiment”. Pourtant, tout le monde en a, qu’ils soient banals ou carrément improbables. Alors pourquoi les cacher ? Et surtout, pourquoi les femmes se sentent-elles obligées de les taire ?
Peut-on parler de ses fantasmes sans rougir ?
Parler de sexe reste encore tabou, notamment pour une femme. Les fantasmes sont souvent assimilés à des extrêmes, à quelque chose de honteux ou de déviant. Dans notre imaginaire collectif, dévier des “normes” sexuelles serait presque un crime. Pourtant, sortir des normes peut être libérateur. Avoir des fantasmes et une sexualité épanouie n’est pas un signe de perversion, mais bien d’une sexualité saine, consciente et assumée.
Et si on s’ouvrait enfin à la conversation ? Les médias et la culture populaire ne nous aident pas toujours : porno, films, séries et publicités véhiculent des modèles de sexualité idéalisés et généralement irréalistes. À côté, la peur du jugement pèse lourd : craindre de paraître immature, obsédée ou gênante reste encore ancré. Malgré tout ça, on observe un réel essor de publications érotiques dédiées aux fantasmes féminins : romans, podcasts, essais et témoignages. Prenez exemple sur Rachel Green, dans la série Friends : après avoir été moquée par son ami Joey parce qu’elle gardait un livre érotique sous son oreiller, elle s’est affirmée et a revendiqué son plaisir sans honte. Petit à petit, la parole se libère pour s’inspirer, apprendre et se réapproprier son imaginaire.
Il est intéressant de noter que certaines traditions et cultures ont toujours valorisé l’expression du désir féminin. Dans la littérature orientale classique, par exemple, les récits érotiques n’étaient pas considérés comme honteux, mais comme des moyens de comprendre la nature humaine et les désirs. Cette perspective, bien que marginale aujourd’hui, montre qu’il n’a jamais été nécessaire de cacher ses fantasmes.
Quand la honte bloque le plaisir
La honte peut avoir un vrai coût. Psychologiquement, elle engendre culpabilité, frustration, anxiété sexuelle. Dans la vie intime, elle se traduit par de l’inhibition, la difficulté à exprimer ses envies, et parfois une sexualité frustrée, déconnectée de ses désirs. Certains fantasmes jugés “tabous” — domination, scénarios interdits, désirs inavouables — sont ainsi tus, alors qu’ils n’ont rien de dangereux lorsqu’ils sont imaginés ou pratiqués dans le consentement.
Cette censure intérieure réduit le plaisir, limite la complicité avec un partenaire et freine l’épanouissement sexuel. Ironiquement, plus on se retient, plus le fantasme devient source de culpabilité. Et parfois, ces blocages peuvent créer un cercle vicieux : la honte empêche d’en parler, ce silence renforce le sentiment de honte et éloigne de la possibilité de vivre pleinement ses désirs.
Libération et acceptation
Se libérer de la honte commence par la réappropriation de son imaginaire. Fantasmer est naturel, sain et nécessaire pour explorer ses envies. Quelques pistes concrètes : écrire ses fantasmes dans un journal intime, en parler à un partenaire de confiance, tester ses envies en solo — avec sextoys ou lectures érotiques — pour mieux comprendre ce qui nous excite vraiment.
Il est essentiel de distinguer fantasme et réalité : imaginer n’est jamais synonyme de consentement réel. La frontière est claire, et cette conscience renforce le pouvoir personnel. En ajoutant à cela des discussions ouvertes et honnêtes dans un cadre sécurisé, on apprend à ne plus craindre le jugement et à considérer son imagination comme un espace sûr et créatif.
Le fantasme comme outil d’empowerment
Fantasmer n’est pas seulement un plaisir personnel, c’est un outil de connaissance de soi. Comprendre ses désirs, explorer ce qui nous excite, c’est renforcer sa confiance et son affirmation personnelle. Les fantasmes peuvent devenir un moteur d’empowerment : ils permettent de s’écouter et de revendiquer son plaisir.
De nombreuses femmes influentes ou sexologues défendent l’expression libre du désir. Gillian Anderson, dans Nosdésirs, raconte les fantasmes inavoués de 174 femmes à travers le monde. De quoi vous prouver que les vôtres, quels qu’ils soient, ne sont pas honteux (et aussi de vous donner quelques idées en plus, si besoin). Maud Serpin, dans Fantasmes au féminin, encourage à parler, écrire, oser imaginer. Leur message est clair : accepter ses propres fantasmes, c’est accepter son corps, sa sexualité et son droit au plaisir.
On pourrait aussi évoquer l’impact des groupes de discussion modernes, des réseaux sociaux, des comptes de créatrices de contenus et de sexologues dédiés à la sexualité féminine, où les fantasmes sont partagés anonymement. Ces espaces permettent de découvrir qu’on n’est jamais vraiment seule à ressentir certains désirs, et que la diversité des envies est normale.
La puissance de ses propres désirs
Se libérer de la honte et accepter ses fantasmes, ce n’est pas exposer sa vie intime au monde entier, mais reconnaître que ses désirs sont légitimes. Oser les explorer, les partager, c’est se reconnecter à sa sexualité et à sa liberté. Accepter ses fantasmes, c’est accepter sa sexualité, son plaisir et son pouvoir sur soi-même.
À lire aussi
Ce que vos fantasmes disent de vous
Maintenant qu’on a établi que nous avions tous des fantasmes, parlons-en. Saviez-vous que vos envies secrètes en disent long sur vous ? Pas de panique, on ne vous jugera pas… enfin, pas trop.
Vous fantasmez sur le patron autoritaire
Ah, le classique fantasme de la figure d’autorité. Cela ne signifie pas que vous êtes une obsédée du travail. Mais peut-être plutôt du mélange pouvoir / contrôle / abandon de soi… et que le cliché du boss sexy est un scénario qui vagabonde dans votre esprit.
Vous fantasmez sur des scénarios célébrités et super-héros
Si vos pensées s’égarent vers Brad Pitt, George Clooney ou Michael B. Jordan : félicitations, vous avez plutôt bon goût. Et aussi, vous êtes imaginative et audacieuse. Vous aimez rêver, laisser vos pensées intimes errer vers la fantaisie.
Vous fantasmez sur la domination
Le BDSM n’est pas “extrême” ou “déviant”. Déjà, vous seriez surpris du monde d’adeptes : 40 % des Français aurait déjà tenté l’expérience. Quand vous irez au bureau demain, dites-vous bien que presque la moitié de vos collègues sont des petits coquins un brin sado… Bref, fantasmer sur le BDSM, c’est sain, c’est intense, c’est oser tester ses limites, et surtout explorer ses plaisirs profonds.
Vous fantasmez sur le sexe en lieux publics
Les toilettes d’un avion, une cabine d’essayage, un parc ombragé ? Ça vous inspire ? On n’en doute pas. Rêver de faire l’amour en public, ce n’est pas bizarre. Vous aimez le frisson de l’interdit et pimenter vos relations. Votre imagination a le droit d’aller là où la vie réelle n’oserait jamais (parce que c’est quand même un peu illégal…).
Vous fantasmez sur les jeux de rôle
Explorer d’autres facettes de soi-même, sortir du quotidien, changer de personnalité… les jeux de rôle offrent de nombreuses options pour pimenter sa vie sexuelle. Costumes ou scénarios, vous avez confiance en vous et vous faites preuve d’une grande créativité !
Vous fantasmez sur les plans à trois
Ah, le fantasme du triangle. Presque un couple sur deux partage ce fantasme ! Le plan à trois est à deux doigts de devenir hasbeen. Pourtant, ça reste un fantasme sympa, qui fascine, réalisable en couple ou célibataire. Il permet d’explorer sa sexualité sous un autre angle et de tenter de nouvelles expériences enrichissantes.